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Zéro Gaspillage Alimentaire

Partageons toutes les bonnes idées, astuces et recettes, de France et d'ailleurs, pour venir à bout du gaspillage alimentaire

Concilier lutte contre le gaspillage alimentaire et les emballages

Gaspiller les aliments ou multiplier les déchets d’emballages, on ne devrait pas avoir à choisir.

Dans le meilleur des mondes ...

nous cultiverions nos céréales, fruits et légumes, élèverions du bétail, et n'aurions plus besoin d'emballages. Nous cuisinerions tout nous-mêmes, on fabriquerait nos yaourts et cuirait notre propre pain.

La vente de yaourtières ou de machines à pain a montré que de nombreux foyers ont été ou sont tentés par ce choix.

Dans les faits ...

97% des ménages en France achètent du yaourt, et en ce qui concerne les machines à pain, les ventes ont fortement décliné après avoir connu un pic de ventes en 2007-2008. Peu d'entre nous avons accès aux aliments à la source, et seuls 5,9% des Français les achètent au marché ou aux producteurs. Pour leurs courses alimentaires, les Français réalisent 72,2% de leurs dépenses dans les grandes surfaces et 14,9% dans les commerces de détail spécialisés, comme les boulangeries, boucheries ou épiceries (INSEE, 2011).

La grande distribution vise essentiellement les couples avec enfants et choisit les conditionnements en fonction de cette cible

La grande distribution va viser essentiellement les couples avec enfants et adapter son offre (sélection, conditionnement, promotions) à cette catégorie. Seulement il est clair que les personnes vivant seules ou les couples sans enfants n’auront pas les mêmes besoins.

En France, un bon tiers des ménages sont constitués de personnes vivant seules, un quart de couples sans enfants, un autre quart de couples avec enfants, et le reste est classé par l’INSEE dans une vaste rubrique « ménages complexes ».

Ceux-là auront du mal à venir à bout des oignons ou oranges vendus par filets de 1 ou 2 kilos, ou des produits achetés lotés « 2 achetés, 2 offerts ».

Concilier lutte contre le gaspillage alimentaire et les emballages

Ah, ben oui, me direz-vous, mais ces ménages-là pourront profiter des produits conditionnés «pocket», «sachets fraîcheurs», «briquettes» ou «vendus à l’unité». Certes, mais les conditionnements individuels produisent des quantités d’emballages ahurissantes. Sans parler du prix! Selon une enquête menée par l'association Familles de France au cours du dernier trimestre 2015, l'achat d'un produit en format individuel coûte en moyenne 52% plus cher au consommateur que l'achat du même produit en format familial!

Retour des conditionnements familiaux : excellente nouvelle pour la lutte contre les emballages, mais qu’en est-il du gaspillage alimentaire ?

Prenons l’exemple des yaourts. Il est quasiment impossible de trouver aujourd’hui des yaourts conditionnés par 1 litre. La plupart des marques proposent les yaourts en portions individuelles de 125 g, par 6 ou 12, reliés par un sur-emballage en carton.

Quelques rares marques proposent des “nouveaux” conditionnements de 500 g ou 1L (qu'on trouvait facilement dans les rayons dans les années 80), tels les sympathiques “trublions du goût”, Michel et Augustin, qui proposent d’utiliser ensuite le pot comme seau pour les enfants ou pot de crayons.

A l'étranger, d'autres conditionnements, carton, sont proposés pour le litre de yaourt.

 

Concilier lutte contre le gaspillage alimentaire et les emballagesConcilier lutte contre le gaspillage alimentaire et les emballages

Ces formats « familiaux » conviennent aux familles, bien sûr, mais qu’en est-il des personnes vivant seules ou en couple? Oui, car chacun peut prélever la quantité exacte qui correspond à son appétit. Le modèle « seau » nécessite l’utilisation d’une cuillère pour se servir et pour peu que celle-ci soit propre, le yaourt se conservera tout aussi bien que dans un emballage individuel. Le modèle « carton » présente l’avantage de ne nécessiter aucun ustensile puisqu’on se verse son yaourt du carton au bol. Il est plus difficile de sortir le yaourt qui se trouve au fond du carton, mais lorsqu’on arrive à ce stade, il suffit d’ouvrir complètement le haut et de presser le yaourt hors du carton en commençant par le bas, avant de l’aplatir. Petit avantage donc au carton. Et, on l’aura compris, ce conditionnement de 1L convient à tout type de ménage.

Il existe évidemment d’autres moyens de concilier anti-gaspillage alimentaire et lutte contre l’invasion des emballages : l’achat en vrac, les petits commerces

Le vrac au bon prix, on dit OUI : ouste les emballages et le gaspillage alimentaire

Sous l’impulsion de la française Béa Johnson, installée à San Francisco, qui prône le Zéro Déchet, les épiceries qui proposent du vrac ont poussé comme des petits champignons en France. Cool! Le vrac présente l’énorme avantage de pouvoir acheter exactement la quantité d’aliments dont on a besoin et d’éviter ainsi le gaspillage alimentaire, et de limiter en même temps l’empreinte carbone.

Les magasins proposant du vrac n’étaient pas encore légion lorsque j’ai testé un mois sans produire de déchets, en février 2014. Autant l’avouer de suite : je n’y suis pas parvenue, mais j’ai tout de même réduit mes déchets des 2/3 (pesées de poubelles à l’appui).

J’ai rapidement trouvé le chemin des deux seuls commerces proposant à ce moment-là du vrac près de chez moi : une grande surface et un Biocoop. Pour tout vous dire, c’était la première fois que j’expérimentais le vrac.

Expérience pour expérience, j’ai décidé de faire une petite comparaison de prix entre le vrac et les produits emballés, en prenant un produit AOP comme élément de comparaison: les lentilles vertes du Puy. En février 2014, je relevais donc le prix des lentilles vertes du Puy, de marque ou marque distributeur, vendues en vrac ou en rayon en grande surface (Carrefour, Casino, ATAC) et chez Biocoop.

Résultat des courses: Les prix des lentilles vertes variaient du simple au double, et la palme des prix les plus élevés était remportée par le vrac de Biocoop! Evidemment, ma démarche n’a rien de scientifique (1 seul produit comparé, 1 seul mois, 4 enseignes), mais j’ai tout de même trouvé les enseignements édifiants.

Avec le vrac, les producteurs économisent les frais d’emballage et les frais de marketing pour faire connaître leur marque. En ce qui concerne les magasins qui proposent du vrac, les produits étant achetés en gros, ils les paient moins cher. Certes, il y a un investissement de départ (achat des silos), des frais occasionnés par le remplissage des silos et le nettoyage de ceux-ci, mais l’un dans l’autre, les magasins disposent d’un levier fort d’amélioration des marges. En tant que consommateurs, on peut légitimement s’attendre à une répercussion sur les prix de vente – alors on tombe de haut quand on découvre qu’on paye le vrac plus cher que les produits de marque équivalents. Je ne suis pas retournée au Biocoop depuis, j’ose espérer que les prix du vrac ont été revus à la baisse.

Acheter en vrac est une démarche sensée, écolo, qui évite à la fois le gaspillage alimentaire et les emballages superflus (surtout si on est autorisés à remplir nos propres bocaux, sacs ou boîtes en magasin), mais il ne faut pas prendre le consommateur écolo pour une truffe! Le vrac, oui, mais au juste prix.

Les petits commerces : pour les personnes vivant seules ou en couple qui souhaitent limiter le gaspillage alimentaire et les emballages

Votre boulanger vous vendra une demi baguette ou une part de brioche. Votre marchand de primeurs vous servira les 3 carottes et le poireau que requiert votre recette, le fromager un demi camembert fermier au lait cru pile au stade de maturité que vous aimez, et votre boucher pourra mettre 1 livre de viande hachée dans votre bocal si vous le lui demandez gentiment.

Ainsi, les petits commerçants sont parfaits pour lutter contre le gaspillage alimentaire ET les emballages superflus si le foyer est de taille réduite. En ce qui concerne le portefeuille, les grandes surfaces ne sont pas toujours moins chères que les petits commerces, contrairement à ce que l’on peut croire. Votre boucher vous vendra de la viande hachée avec 0% de gras – alors que vous payez 5 ou 15% de gras au prix de la viande dans celle que vous achetez en supermarché.

Dans le contexte actuel, au regard des modes de consommation des Français, la lutte contre le gaspillage alimentaire couplée à la lutte contre les emballages se joue au supermarché

Force est de constater que c’est au supermarché que la grosse majorité d’entre nous faisons nos courses. Nos choix en grande surface sont donc ceux qui vont avoir le plus d’impact.

C’est avec ce que nous mettons – ou pas – dans notre caddy que nous pouvons :

  • encourager les fabricants à éviter les sur-emballages et autre emballages inutiles, et proposer davantage de formats familiaux,
  • pousser les grandes surfaces à développer le vrac, qui permettrait à chaque type de ménage d’acheter les quantités adaptées à son mode de fonctionnement propre,
  • inciter les grandes surfaces à chercher des solutions pour encourager ce double besoin de limiter le gaspillage alimentaire et les emballages superflus, tels que nous permettre de venir avec nos propres sacs à vrac réutilisables, de différentes tailles. (confectionnés de ses petites mains en voile, filets de lavage ou autres chutes de tissus léger). On en trouve assez facilement dans les magasins bio ou sur le net : Sacavrac,fr, alterosac, bagtogreen.com, … pourquoi pas les proposer aussi en grande surface, là où nous faisons nos courses. Comme nous devons de toute façon désormais apporter nos sacs de provisions, l’effort n’est franchement pas très important. Et tout cela finira par payer !
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